La Vallée de la Biesme, de sa source aux Islettes
L'un des beaux paysages d'Argonne avec la Vallée de la Biesme
La Vallée de la Biesme est un riche réservoir de biodiversité avec son fond aux prairies humides, ses côtes boisées et ses prairies de fauche, ses gorgeons qui s'enfoncent dans le massif de gaize. Cette vallée représente la culture argonnaise construite au fil de son histoire, avec parfois des épisodes douloureux. Le Défilé des Islettes, lieu de passage coupant la vallée, devient souvent un endroit stratégique.
Des recherches ont permis de découvrir des sites de fabrication de céramique et des fours verriers de l'époque antique1, ébauchent d'un savoir-faire et d'une future industrie verrière et de faïencerie. De cette époque, c'est aussi la traversée de la Voie Romaine à Lachalade. Avec l'ermite Sain-Rouin, ceux sont les prémices de l'installation des moines, dont il reste l'imposante abbatiale de Lachalade. Comme vu dans l'article sur la Biesme, le cours d'eau devient par le Traité de Verdun en 843 une frontière. Les richesses naturelles de la vallée font aussi vivre durant des siècles un peuple de forestiers. Une exploitation forestière qui perdure à ce jour. En 1792, le Défilé des Islettes est défendu face à l'avance prussienne. Lors de la fuite du Roi Louis XVI, la Côte de Biesme voit le carrosse royale passé. En 1914, l'armée allemande s'engouffre dans la vallée pour être repousser en 1915 jusqu'aux crêtes. Une ligne de défense s'installe pour devenir de terribles champs de bataille à la Haute Chevauchée, au Bois de la Gruerie. En août 1944, le village des Islettes est partiellement détruit par l'explosion d'un train de munitions durant une attaque des Alliés. Plus léger, en 1992, la Flamme Olympique dévale la Côte de Biesme, tout comme le peloton du Tour de France en 2003 pour son dernier passage. Lieu de passage à partir de l'Allemagne, de l'Alsace et de la Lorraine vers la Champagne et l'Ile de France, le Défilé des Islettes voit régulièrement le passage de transports exceptionnels en provenance d'Outre-Rhin, notamment des éoliennes ces dernières années.
Nous pouvons considérer l'Ermitage de Saint-Rouin comme le fond de la Vallée de la Biesme. En effet à cet endroit, la route D2 atteint l'altitude de 204 m dans une partie étroite et encaissée. Sur l'autre versant, le Grand Fossé des Bois s'écoule vers l'Aisne, tandis que l'étang proche de l'ermitage, d'après la carte de 1950 de Géoportail, s'écoule vers l'aval de l'Etang des Deux Busines.
La Chapelle de Saint-Rouin construite sur l'une des croupes du Plateau de Saint-Rouin marque aussi cette limite des partages des eaux.
De l'autre côté de l'Ermitage de Saint-Rouin sur la Côte aux Cerfs, à gauche commence la Vallée de la Biesme, à droite les eaux s'écoule vers l'Aisne. L'ambiance est forestière pour cette entame de vallée, c'est aussi des raides pentes comme relief que nous observons tout au long de la vallée. De cet endroit jusqu'à l'autoroute A4, de part et d'autres, la vallée est bien délimitée par les lignes de crête bien matérialisées par des chemins forestiers, mais apportent une confusion dans la dénomination de la Haute Chevauchée. D'après la carte de Géoportail, le chemin de la crête de la rive gauche est noté de la Haute Chevauchée, celui-ci se prolonge par les chemins de la Grande Tranchée et celui des Hauts Bâtis. Mais celui de la crête de la rive droite porte également le nom de Haute Chevauchée pour se prolonger par la route forestière éponyme, la plus connue par ce vocable.
Le vallon principale dont est issu la Biesme, celui entre le Plateau des Quatre Faux et le Plat du Saule
L'Etang Favart, l'un des étang construits par les moines de l'Abbaye de Beaulieu faisant parti de la chaine d'étangs et du bassin d'alimentation de la Biesme
Dès le début, le hameau du Courupt annonce le passé verrier de la Vallée de la Biesme, juste au-dessus se trouve également la maison forestière de Pologne autre site verrier ainsi que le hameau de Bellefontaine. Au cours du développement de l'industrie verrière argonnaise, d'après la Carte extraite de Patrimoine et culture en Lorraine, ceux-sont 26 sites verriers qui sont implantés le long de la Biesme ou ses affluents2.
En descendant la Vallée de la Biesme, nous visiterons également le dense chevelu de rus et de vallons alimentant la Biesme. Nous commençons par celui de Bellefontaine avec le Ruisseau de la Prise alimenté par 4 rus, dont l'un incise le massif de gaize en un gorgeon profond. Ce relief accidenté et complexe se répète sur toutes les côtes de la rive droite de la Biesme.
Un autre ru dans la Gorge au Diable
Bellefontaine niché au cœur d'un charmant vallon à l'orée des bois. Auguste-Arthur Géraudel, pharmacien et créateur de la pastille Géraudel, est né en 1841 dans ce hameau. Trois circuits de randonnées de 8, 14 et 18 km sont annoncés au départ de Bellefontaine.
Futeau avec ses maisons à pans de bois. Cette architecture est présente jusqu'à Lachalade pour laisser la place ensuite à l'architecture d'après-guerre et la reconstruction des "Années 20".
L'Eglise de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie à Futeau. Un clocher de style lombard avec ses étages d'arcatures.
Trois grandes voies de communication traversent la Vallée de la Biesme à hauteur des Islettes. Jusqu'en novembre 2013, la ligne ferroviaire entre Châlons-en-Champagne et Verdun, le train s'arrête alors en gare des Islettes pour ensuite s'engouffrer sous le tunnel traversant le massif de gaize argonnais. Depuis 1976, l'autoroute A4 traverse également la vallée entre la Controlerie et les Senades par La Gorge aux Frênes (rive droite) et sous l'Affut des Canons (rive gauche). La D3 suit le Défilé des Islettes pour monter ensuite la Côte de Biesme.
Les Islettes :
C'est le bourg le plus important de la Vallée de la Biesme en nombre d'habitants (715 ha). Jusqu'au début du XX ème siècle3, c'est un centre industriel avec l'industrie verrière et les réputées faïences des Islettes dont la production s'arrête à la fin du XIX ème siècle4. Depuis 1989, à l'emplacement d'une ancienne tuilerie (sur le finage de Sainte-Ménehould), se situe l'usine RVA (Récupération Valorisation Aluminium)5. Durant la Première guerre mondiale, la Vallée de la Biesme se situe sous la ligne de front. A la sortie du bourg, le long de la D2 se trouve la Nécropole nationale des Islettes.
La bien nommée Chapelle Notre-Dame de la Vallée, malheureusement certains villages n'ont toujours pas effacé leur réseau filière aérien.
La croupe du Bois de la Controlerie, les Islettes, au fond la Côte à l'Echelle et l'Affut des Canons
Documentation :
1 Michiel Gazenbeek, L'Argonne dans l'Antiquité : étude d'une région productrice de céramique et de verre, Contributeur : Sander Van der Leeuw, Gallia, 2003, p. 269-317
Généalogie de la famille De Bigault
4 Faïencerie dite des « ISLETTES », La Faïencerie du Bois d’Epense dite « des Islettes »
Faïences des Islettes, un morceau d'Histoire lorraine
5 Présentation de la société R.V.A
La campagne de l'Argonne (1792), première partie - Valmy, chapitre X. - Les Islettes
Alcide Leriche, L'Autoroute A4, Horizons d'Argonne, n° 39, p. 84
Date de dernière mise à jour : 22/05/2023
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