Sur les pas d'André Theuriet : La Chanoinesse (9), A l'ouvreau, messieurs !
Deuxième partie, 1791 - IV "A l'ouvreau, messieurs !"
P.122 "Le mardi 21 juin 1791, avant midi, tous les gentilshommes verriers qui avaient assisté au conciliabule du Haut-Bouleau, reçurent un billet de la chanoinesse contenant cette courte phrase sacramentelle : « A l'ouvreau, messieurs! »
P.123 "A l'angélus de midi, il quitta Florent et s'engagea sous bois dans la direction des Senades où demeurait Joël de Parfondrupt".
"Le verrier s'était procuré deux chevaux de selle et, vers deux heures, après avoir bu le coup de l'étrier, tous deux enfourchèrent leur bidet et prirent sous bois un chemin qui les conduisit à l'entrée de Sainte-Menehould. Ils laissèrent les chevaux dans une auberge du faubourg et pénétrèrent dans le centre de la ville, sans se hâter, en tanneurs, comme deux braves campagnards qui vont aux emplettes et aux nouvelles."
P.126 "Tout à coup, vers sept heures et demie, du côté de la route de Châlons, on entendit une galopade sur le pavé et l'on vit déboucher un courrier en veste chamois qui se dirigea vers la poste aux chevaux."
P.127 "Comme elle se présentait de profil, Joël de Parfondrupt qui avait vu autrefois Marie-Antoinette à l'époque de son mariage avec Louis XVI, la reconnut et donna un coup de coude significatif à son compagnon."
P.128 "A ce moment, un jeune homme de vingt-huit à vingt-neuf ans, grand, robuste, bien découplé et dégourdi, déboucha d'une rue adjacente, un bâton à la main et la veste sur l'épaule. C'était le maitre de poste, Cadet Drouet, qui revenait des champs. Il s'approcha de la berline, examina le voyageur qui se tenait encore à la portière et jeta un coup d'œil dans l'intérieur."
1
P.129 " Guillaume, la dame en chapeau noir qui est assise dans la berline ressemble diantrement à l'Autrichienne, et je mettrais ma tête à couper que l'homme en redingote brune est Louis XVI en personne... Cours vite prévenir la municipalité!"
( )"Les courriers partaient au galop, les fouets claquaient, et les deux voitures, vivement enlevées, roulaient sur le pavé, dans la direction de Clermont."
( ) "Arrêtez-les!...arrêtez-les !...En même temps, du côté de l'hôtel de ville on battait la générale; la rue s'emplissait de gardes nationaux en armes, et à ces rumeurs se mêlaient des appels de trompettes."
P.130 "Tout courant, ils gagnèrent le faubourg, sautèrent sur leurs chevaux, puis Jérémie dit à Parfondrupt :
- Au galop ! Sans piper, ils s'élancèrent sur la route de Clermont. Lorsqu'ils furent en haut de la côte de Biesme, ils aperçurent dans le crépuscule les voitures qui la descendaient."
"Joël, reprit Damloup, courez au Four-aux-Moines et informez Me d'Eriseul de ce qui arrive... Moi, je vais tacher de rejoindre les voitures pour prévenir Leurs Majestés de la trahison de ce scélérat de Drouet et pour les inviter à gagner Varennes sans toucher Clermont.. Au revoir, et bonne chance! Ils se séparèrent. Jérémie se jeta dans les bois afin de couper au court, tandis que M. de Parfondrupt galopait vers la vallée de la Biesme."
"Au sortir des Islettes, la route de Clermont fait un coude, M. de Damloup put ainsi, en traversant les bois, gagner le grand chemin au-delà du village, juste au moment où les deux voitures y arrivaient au grand trot."
( )"Sire, criait-il, vous êtes trahi!"
P.131 "A trois reprises encore, il jeta en vain à la portière son cri d'alarme. Puis découragé, voyant que son bidet déjà las ne pouvait lutter de vitesse avec les équipages, il se rejeta dans les bois et essaya du moins de gagner Varennes par la traverse, afin d'avertir ses amis postés dans cette ville et, de les ramener au besoin à la rescousse..."
P.134 "On galope là-bas! Accotés au talus de la route, ils prêtèrent l'oreille. On percevait effectivement du côté du Claon, une galopade qui se rapprochait insensiblement. Ils ne parlaient plus, les yeux fixés sur l'obscure blancheur de la route."
( )"c'est moi, Parfondrupt. - Quelles nouvelles? dit Hyacinthe dont le cœur palpitait.
- Mauvaises, madame!... Le roi a été reconnu à Sainte-Menehould par un gredin de maitre de poste, et les sacrés-mâtins de gardes nationaux sont à sa poursuite."
P.136 "... Ça va mal!
- Qu'est-il arrivé?...Ou est la famille royale?
- La famille royale roule sur la route de Varennes."
P.137 "La route de Varennes m'étant fermée, j'ai gagné celle des Islettes, d'où je suis revenu ici en coupant au court... Voilà pourquoi, comme je vous le disais en commençant, je crois que l'affaire est manquée."
P.138 "Alors, s'écria Hyacinthe hors d'elle, notre devoir est tout tracé... Nous allons monter à cheval et rejoindre par le Four-de-Paris la route de Metz en amont de Varennes... Nous irons au-devant du Royal-Allemand de M. le marquis de Bouillé, qui part de Dun en ce moment, et nous le presserons de venir au secours du roi."
P.139 "Un peu avant ce hameau niché en plein bois, une sente forestière s'enfonçait à droite dans la direction de Varennes, coupant l'ancienne voie romaine qu'on appelle la Haute-Chevauchée et que la troupe devait suivre pour déboucher ensuite sur l'embranchement de la route de Dun."
P.141 "Dans l'église de Montblainville la cloche, mise soudain en branle, sonnait le tocsin."
P.143 "- Aussi sûr que voici le jour, dit-il, il y a là-bas une troupe qui vient vers nous.
- Tout est sauvé, messieurs, s'exclama Hyacinthe triomphante, avançons!... C'est le Royal-Allemand !"
( ) "Ce n'était pas le Royal-Allemand qu'elle avait devant elle, mais les gardes nationaux de Baulny et de Charpentry qui marchaient sur Varennes."
Documentation :
1 Portrait de Jea-Baptiste Drouet
André Theuriet, La Chanoinesse 1789-1783, Armand Collin et Cie Editeurs - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Date de dernière mise à jour : 02/09/2024
Ajouter un commentaire