Sur les pas d'André Theuriet : La Chanoinesse (5), Le Four aux Moines
Première Partie 1789, V le Four aux Moines
Après une action de brigandage ordonnée par Jérémie de Damloup, celui-ci se trouve avoir un lien de parenté avec Mme de Rosnes. Mme de Rosne, la chanoinesse et le chevalier de Vendières arrive au Four aux Moines.
P.60 "La verrerie du Four-aux-Moines, appartenant à Mlle Gertrude de Saint-André, était située un peu en amont de La Chalade, à la lisière du bois et à l'entrée de la gorge des Sept-Fontaines"
P.60 "on apercevait les toits de tuile du village et la haute abside de l'ancienne église abbatiale, enlevant sa grise et monumentale architecture sur le vert moutonnement de la forêt des Hauts-Bâtis, qui fait face au bois du Grand-Triage".
P.60 "La verrerie, aujourd'hui détruite, comprenait dix ouvreaux ou fours. Elle était alors en pleine prospérité. On y fabriquait des bouteilles à vin de Champagne et des cloches de jardin".
P.61 "Au-delà, on apercevait les champs dépendant du Four-aux-Moines, qui, à la belle saison, déroulaient jusqu'à l'orée du bois leurs carrés de seigle ou de blé, leurs luzernes violettes et leurs colzas d'un jaune d'or".
P.62 "C'était ainsi qu'elle avait reçu au Four-aux-Moines François Baujard, au sortir de l'école des bénédictins de Saint-Vannes, et qu'elle s'était engouée du neveu de son curé, ce jeune Renard, dont la précoce intelligence et les succès de collège l'avaient émerveillée".
P.62-63 "En effet, à huit jours de là, Jérémie de Damloup, avisé par un message de Mlle de Saint-André, se présenta au Four-aux-Moines à l'heure du diner".
P.64 "A tout péché miséricorde, vaurien!... Par exemple, tu aurais bien dû, pour la circonstance, t'arrêter chez le barbier de Florent..."
P. 66 "Peu de temps après la rentrée en grâce de M. de Damloup, l'abbé Dutertre vint à la verrerie avec son neveu, Jean-Joseph Renard. Le jouvenceau avait suivi le conseil de Nanine Gillot. Il était revenu se mettre au vert au presbytère de La Chalade et il y attendait les événements, en travaillant à un opuscule politique".
P.67 "Flatté d'avoir attiré l'attention de cette belle personne, Renard retrouva tout son aplomb, se montra disert, fit la roue et s'empressa d'étaler devant la chanoinesse ses chatoyantes plumes de paon vaniteux et gonflé".
P.68 "Bien qu'il eût été frappé des arguments employés par la Gillotte pour le jeter dans le parti populaire, il aimait trop la gloriole pour ne pas être sensible au prestige exercé par la noblesse. Les flatteries et la grâce aristocratique de Mlle d'Eriseul l'avaient troublé et il se sentait de nouveau perplexe".
"Ebloui tout à coup par cette hypothèse, Joseph Renard songeait qu'avec ses talents et l'aide de cette séduisante chanoinesse, il serait en passe, comme l'abbé de Bernis, de se faufiler à la Cour et d'y occuper quelque haute position".
P.69 "En cette situation embarrassante d'un joueur qui ne sait s'il doit ponter sur la rouge ou sur la noire, le jeune homme s'avisa d'un terme moyen qui s'accommodait à merveille avec son caractère double et tortillard. Il résolut de se tenir coi à la cure, de continuer à y écrire son pamphlet révolutionnaire et de rester en relations avec Nanine Gillot, tout en tâtant le terrain au Four-aux-Moines".
P.70 "Elle l'emmenait parfois en promenade dans les gorges de la forêt et lui décrivait les chasses à courre, les réceptions luxueuses, les soirées de musique, tous les plaisirs qu'on se donnait à l'abbaye de Poulangy. Sous les grands chênes de la futaie, Joseph Renard cheminait comme dans un rêve, grisé par l'évocation de ce monde aristocratique dont il avait secrètement envié les joies raffinées; - grisé aussi par le voisinage de cette attrayante chanoinesse aux yeux scintillants, aux lèvres souriantes, à la grâce irrésistible".
P.71 "Le cerveau tout fumeux d'audacieuses convoitises, il faisait le trajet de La Chalade au Four-aux-Moines dans la même agitation que Jean-Jacques allant de l'Ermitage à Eaubonne, chez Mme d'Houdetot, mais avec la passion en moins et plus d'outrecuidance".
"On était ainsi arrivé à la mi-septembre. Renard venait de recevoir une lettre de Nanine Gillot qui le pressait de rentrer à Bar, afin de s'y mettre à la tête du parti populaire. Mais avant de prendre cette résolution extrême, il méditait de jouer son va-tout auprès de la chanoinesse".
P.72 "Bonjour, monsieur Renard, dit-elle avec un engageant sourire. Tout le monde est à l'église, à l'exception de M. de Vendières, qui dévore un. roman de chevalerie, et vous arrivez à propos pour. me distraire... Mettez-vous ici".
P.72 "Un profond silence dominical emplissait l'étroite vallée, dont les versants boisés se coloraient déjà de la pourpre et de l'or de la saison finissante".
P.72 "Dans l'air calme on entendait au loin le son berceur de la cloche des vêpres,..."
P.73 "Puis, sans lui laisser le temps de s'étonner, il se leva et appliqua ses lèvres sur la nuque de la chanoinesse".
P.74 "Je vous aime! murmura-t-il en l'entourant de ses bras. Suffoquée, elle se rejeta en arrière, se débattit et poussa un cri"
P.74 "Ce jeune collégien a eu un accès de folie. Veuillez le conduire dehors, chevalier, et priez-le d'aller se faire soigner ailleurs !..."
P.74-75 "Les lèvres blanches, le teint verdi par le dépit et la honte, Jean-Joseph Renard regagna la cure à travers les éteules".
P.75 "Les vêpres n'étaient pas finies; il en profita pour monter furtivement à sa chambre, jeta à la hâte dans une serviette un peu de linge et quelques papiers, en fit un paquet, et se glissant hors de la cure, bâton en main, il détala dans la direction des Islettes".
P.75 "Tout imprégné encore des classiques lectures de son collège, il se rappela le serment d'Annibal et à son tour, en son cœur ulcéré, il jura de se venger cruellement des hôtes de la verrerie".
La carte des photos : https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/la-chanoinesse_1076177
Documentation :
André Theuriet, La Chanoinesse 1789-1783, Armand Collin et Cie Editeurs - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Date de dernière mise à jour : 22/07/2024
Ajouter un commentaire