L'Argonne

Sur les pas d'André Theuriet : La Chanoinesse (4)

Première Partie 1789, IV En Argonne

Suite aux évènements venant de se dérouler à Bar-le-Duc avec le molestage et la mort du marchand Pelissier, Mme de Rosnes, la chanoinesse et le chevalier de Vendières partent se réfugier en Argonne.

P.41 "Vers minuit, à travers les rues endormies, deux robustes chevaux attelés à une spacieuse berline trottèrent vers la route de Clermont, emportant dans la caisse capitonnée de velours réséda Mme de Rosnes, la chanoinesse et le chevalier de Vendières".
 

P.44 "De Bar-le-Duc à Clermont il y a environ treize lieues. Le soleil était déjà levé quand on atteignit cette petite ville.
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Tandis qu'on relayait, les deux dames et le chevalier se sustentaient d'une tasse de café, puis la berline prenait la route des Islettes.
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— un long ruban monotone qui se déroulait entre deux rangées d'ormes poudreux".
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P.44-45 "- La chanoinesse avait baissé l'une des glaces et contemplait distraitement les bois qui moutonnaient à l'horizon et dont les cimes commençaient à s'ensoleiller".
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P.45 "Aux Islettes, le conducteur quitta la grande route de Verdun à Sainte-Menehould et s'engagea dans la vallée de la Biesme, ou un chemin d'exploitation, longeant le canal de Biesme, va de Beaulieu à Vienne-le-Château".
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"On se trouvait au cœur de l'Argonne, ce massif forestier qui s'élève. comme un verdoyant rempart entre les terres à blé du Verdunois et les plaines crayeuses de la Champagne. La Biesme, coulant entre des prairies doucement mamelonnées, divise en deux parties inégales cette région boisée, qui tranche absolument par la nature de son sol accidenté et par les mœurs de ses habitants sur la physionomie des pays environnants".
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"A cette époque surtout, elle n'était traversée que par une seule voie carrossable et ses villages, juchés comme des nids en pleine futaie, n'avaient que peu de relations avec les villes du Barrois ou de la Champagne".
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"Pauvres, ignorants, à demi sauvages, les paysans y demeuraient isolés du reste de la province, vivant uniquement de la forêt et ne connaissant d'autre aristocratie que celle des gentilshommes verriers, souvent aussi dépenaillés et illettrés qu'eux-mêmes".

 

P.46 "Les gentilshommes, établis en Argonne depuis le XVIe siècle, possédaient par lettres patentes de Henri Ill le privilège de fabriquer le verre sans déroger. Leurs verreries étaient disséminées dans les gorges de la forêt, dont ils se regardaient un peu comme les maîtres et seigneurs".
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P.46 "Quelques-uns d'entre eux, cependant, comme les Grandrupt, les Brossard, les Saint-André, avaient su se maintenir dans une position aisée. Ils exploitaient les usines les plus importantes du canton et s'étaient alliés aux familles nobles de la province, sans perdre rien de leur humeur indépendante et de leurs façons originales".
 

P.47 "La berline de Mme de Rosnes avait déjà dépassé le village du Neufour et allait atteindre le hameau du Claon situé à la lisière du bois, quand les voyageurs furent tirés de leur sommeil par un brusque arrêt de la voiture et une violente altercation."
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P.47-48 "Avec une rapidité électrique, le bruit s'était répandu dans les campagnes que l'Assemblée nationale venait d'abolir les droits seigneuriaux, et immédiatement, logiciens étroits mais convaincus, les paysans en avaient conclu que les terres des seigneurs appartenaient désormais aux communes. Les gens de l'Argonne, plus ignorants encore que leurs voisins, mais aussi plus besogneux et entreprenants, s'étaient sur-le-champ avisés de mettre en application cette commode et nouvelle théorie.

P.48 "Du moment où il n'y avait plus de princes, la forêt princière devenait le bien de tous et chaque commune riveraine avait pleine liberté d'y exercer des droits de propriétaire.
- Ainsi avaient pensé les habitants de Florent, village situé en face du Claon".
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P.48 "En arrivant près du Claon, l'arrière-garde des délinquants avait aperçu la berline de Mme de Rosnes. Une voiture de poste roulant sur ce chemin peu fréquenté était pour eux un événement et, avant de s'engager sous-bois pour rejoindre le gros de la bande, les retardataires firent halte afin d'examiner cet équipage suspect. Les plus avisés songèrent qu'il y avait de la maréchaussée à Vienne-le-Château, où se rendaient probablement les voyageurs, et que ces derniers étaient capables en arrivant de les dénoncer à la force armée. D'autres, plus pratiques, ajoutèrent que les deux chevaux de poste arrivaient comme mars en carême pour aider à l'enlèvement des arbres abattus".
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P.49 "Mme de Rosnes, qui connaissait les mœurs du pays, devina qu'elle avait affaire à des rodeurs de bois et crut devoir protester.
- C'est trop fort, s'écria-t-elle, il ne vous suffit pas de piller la forêt du prince, il faut encore que vous voliez nos chevaux!"
 

P.50
"- Si vous êtes curieuse de le savoir, riposta un grand garçon barbu et narquois, venez le demander à celui qui nous commande!
- Et où est-il... celui qui vous commande?...
- Dans la gorge du Claon... Nous vous y mènerons si vous le désirez, ma belle dame!
- Montrez-moi le chemin! reprit-elle résolument!"
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P.51 "Une pénétrante odeur de champignons s'exhalait de la terre humide des fourrés, et une faible brise, remuant la feuillée, faisait pleuvoir sur le sol des gouttes de lumière dorée".
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P.51 "Pendant vingt minutes, on gravit la rampe de la gorge, puis on atteignit un plateau où commençait le taillis. Un des bûcherons houppa d'une voix sonore".
 

P.52 "- Nous voici rendus, dit le garçon à la barbe en broussaille; Mauchauffé, conduis ces gens-là à M. de Damloup.
- Hein! s'exclama Mae de Rosnes en relevant la tête, comment l'appelez-vous?
- Damloup... Le grand Jérémie, si vous aimez mieux.
- Damloup!... J'ai connu un gentilhomme de ce nom-là chez ma sœur, dit tout haut la veuve à sa nièce.
- C'est un noble, en effet, affirma Mauchaufté, et un malin, je vous le garantis!... Il soufflait la bouteille dans le temps, mais il s'est fatigué de servir chez les autres, et à c't' heure, il vit de ses rentes..."
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P.54 "On vous a pris vos chevaux? J'en suis marri, mais nécessité fait loi. La besogne presse, nous avons du bois à rentrer et nous manquons de brioleurs pour le transporter à Florent... Donnez-moi votre adresse, et foi de gentilhomme, nous vous renverrons demain vos bêtes avec votre voiture".
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"- Il y avait un Damloup, autrefois, à la verrerie de Mme de Saint-André.
- C'était moi, répliqua-t-il avec une pointe d'étonnement... Vous connaissez Gertrude de Saint-André?
- C'est ma tante et voici sa sœur, Mme de Rosnes".
 

P.55 "Le dernier hiver a usé la provision de bois des braves gens que vous voyez ici autour. Les forêts du Clermontois appartiennent maintenant à la nation, et ce qui est à la nation est à tout le monde, n'est-ce pas? L'assemblée de Versailles ne vient-elle pas d'abolir les droits féodaux?"
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P.59 "- Madame, murmura-t-il en refermant la portière, je ne suis pas grand clerc et je ne sais pas tourner un compliment; mais si vous avez jamais besoin de Jérémie de Damloup, je demeure à Florent, en face de l'église... Vous n'aurez qu'un signe à faire et je suis à vous corps et âme... Corps et âme, vous entendez!"
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La carte des photos : https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/la-chanoinesse_1076177#12/49.1341/5.0005

 

Documentation :
André Theuriet, La Chanoinesse 1789-1783, Armand Collin et Cie Editeurs - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

 

 


 

 

 

 


 

 

Date de dernière mise à jour : 09/07/2024

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