Sur les pas d'André Theuriet : Colette (2)

Après s'être égarés en forêt d'Argonne et contraint de passer la nuit à "la belle étoile", nous retrouvons Edme et Clément au petit matin.

P.87 A la fine pointe du jour, un étrange raffut secoua soudain les deux jeunes gens sur leur couche peu moelleuse. Encore à demi ensommeillés, ils se précipitèrent hors de la hutte, assez à temps pour voir bondir une laie et six ou sept marcassins.

P.88 Peu à peu, le sentier élargi se transformait en une voie carrossable, puis débouchait sur une route bordée d'arbres qui serpentait toute blanche au milieu des vertes prairies vallonnées au-dessus desquelles les bois se relevait en pente.

P.91 - Vous n'êtes pas du pays assurément, sans quoi vous sauriez que vous vous trouvez tout-ci dans la vallée de la Biesme, à mi-chemin des Islettes et de Beaulieu...Et comme ça, vous allez à Fleury?... Dame, votre plus court serait de traverser la forêt en biais par le Grand-Gorgeon et de longer ensuite la lisière des bois de Waly. Mais, pour des étrangers, la route est difficile à tenir et vous risqueriez de vous perdre. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est de gagner tout bonnement Beaulieu en suivant la route qui passe devant Saint-Rouin...
- Ha ! ha ! Saint-Rouin, interrompit Clément, n'est-ce pas là où il y a aujourd'hui un pèlerinage?

P.93, En effet, un peu avant d'atteindre les prés plantés de pommiers qui avoisinent l'ermitage, ils entendirent bourdonner la voix des chantres. La grand'messe était commencée. La chapelle s'élevait au bout des prés, à la lisière de la forêt : bâtisse modeste, surmontée d'un clocheton en auvent où se balançait la cloche, et flanquée d'une maisonnette servant de sacristie¹.

P.94 Les deux frères, se maintenant à distance respectueuse, contemplaient la rustique et pittoresque cérémonie, dont la nouveauté mettait en joie Clément Courouvre.
P.95 Edme et Clément demeuraient indifférents aux allées et venues des promeneurs, sans se douter qu'ils faisaient l'objet de la curiosité générale. ( ) Les gens de Brizeaux, présents à la cérémonie, n'avaient pas manqué de communiquer à leurs amis les méchants commérage de Goupillard.
P.99 - Assez de sottises!...Si vous croyez que nous sommes des Prussiens, au lieu de biaiser comme vous le faites depuis une demi-heure, conduisez-nous devant une autorité quelconque, qui nous interrogera et qui sera peut-être moins bête que vous!

P.102 Le maire habitait un écart en avant de Futeau

P.105 Mademoiselle, répondit le brigadier s'avançant vers les degrés du perron en compagnie des prisonniers, c'est des espions que nous avons arrêtés à Saint-Rouin et que nous amenons à M. le maire...

P.108 Clément, lui, ne semblait pas trop attristé. Son attention se fixait complaisamment sur la personne de la jeune maitresse du logis,

P.115 Depuis quand n'est-il plus permis de voyager en touriste et de dessiner des paysages dans la forêt?

P.116 Courouvre? murmura-t-il, seriez-vous par hasard les fils d'Arsène Courouvre? ( ) Eh bien ! mes chers garçons, sans vous en douter vous vous trouver en pays de connaissance... Je suis Jean de la Louvière, maitre de verrerie et le fils de votre seconde tante, Zélie Courouvre ;

P.117 Voici ma fille Colette ;

P.120 C'est sans doute la verrerie qu'on aperçoit là-bas, reprit l'ainé; elle parait importante, et notre cousin me fait l'effet d'être un industriel calé...

P.125 Dans mon idée ce Goupillard est un farceur, l'histoire de la cachette est une fable, et je vous crois trop sensé pour tabler sur le trésor chimérique de Chèvrechêne.

P.127 - Vous le voyez, dit victorieusement le cadet, tout ça est logiquement déduit et il ne s'agit pas de chimères!

P.131 Dès que vous aurez déjeuné, nous irons ensemble à la verrerie, si vous le voulez bien.
- Avec grand plaisirs, répondit Edme ; pourtant je désirerais d'abord rassurer par une dépêche notre vielle servante Monique. Avez-vous le télégraphe à Futeau ?

P.138 - Etes-vous prêt, mon cousin ? dit-elle en brandissant crânement une canne de cornouiller. ( ) Laissant derrière eux la vallée de Biesme, ils suivirent, dans la direction du hameau de Bellefontaine, une sente sablonneuse qui les conduisit rapidement sous-bois.

P.139 Celle-ci gravissait avec légèreté d'une chèvre les pentes abruptes du défilé, en se retournant par intervalles pour encourager du geste le jeune homme ou lui indiquait un raccourci.

P.140 - Regardez!... Est-ce beau ? Du plateau où ils arrivaient et où commençait la haute futaie, on dominait les rampes feuillues des ravins et des combes.

A travers les hêtres, une lumière argentée filtrait sur les ramures de toute essence qui revêtaient les pentes des défilés : bouleaux argentés, néfliers noueux, ombelles rouges des sorbiers, frondaisons des houx et des tilleuls.

Parfois, du fond de ces abîmes de feuillées, des glouglous de ruisseaux chantaient, pareils à des flûtes invisibles, et de clairs gazouillis de rouges-gorges se mêlaient au frais susurrement de l'eau.

P.141 Ils pénétrèrent ensemble dans une longue avenue herbeuse qui fuyait parmi les futaies. En cet endroit, la forêt devenait une magnificence quasi auguste.

P. 143 Elle, souriante, lui, pensif, ils étaient arrivés à un carrefour en étoile. L'une des avenues rayonnantes dévalait en pente douce sur un versant très touffu.

P.144 Au bout d'un quart d'heure de descente, ils entendirent dans la fourré le glouglou cristallin d'une source, et, s'engageant par une sente oblique dans un fouillis de branches qui leur regimbaient parfois traitreusement au visage, ils parvinrent à une sorte de plate-forme gazonneuse, surplombant ainsi qu'un balcon au-dessus des taillis.

P.160 mon bog vous conduira jusqu'à Ippécourt, d'où vous gagnerez à pied Souilly, dans la matinée. Là, vous prendrez gîte à l'auberge de la Pomme d'Or, où je descends d'habitude. après le déjeuner, vous gagnerez le Chânois, qui est distant d'une demi-lieue à peine.

P.161 Après quoi l'attelage fila vivement le long de la route forestière qui coupe en biais les bois de Beaulieu et Lavoye.

Edme et Clément virent se creuser au-dessus d'eux la souriante vallée de l'Aire, argentée et frétillante, serpentait parmi la prairie, entre de gros village très rapproché : Fleury, Autrecourt, Lavoye, Rarécourt, tous nimbés de fuyantes fumées bleues, tous dressant dans la buée matinale leurs toits roses, leurs tuileries, leurs moulins et le dôme trapu de leur clocher d'ardoises.

P.162 Vers huit heures, le cocher déposa les jeunes gens à l'entrée d'Ippécourt et leur souhaita bon voyage? Ce hameau haut perché au-dessus de la Cousane, n'était séparé que par six kilomètres de Souilly, le chef-lieu de canton. Ils rendossèrent leur sac et suivirent lentement la route que les contreforts boisées du mont d'Osches baignaient encore d'une ombre fraiche.

P.164 Au bout d'un quart d'heure, arrivée à la corne des bois de Souilly, ils distinguèrent, entre deux versants boisés, les blanches maisons du Chânois, ramassées dans la verdure comme des œufs au fond d'un nid. Un ruisseau courait au long de l'unique rue du village, et, sur le versant opposé, l'église encapuchonnée d'un clocher trapu dominait les logis adossés à des vergers en pente.

P.167 - Ma Fi, répondit celui-ci d'un ton narquois en examinant du coin de l'œil les deux frères, si c'est le château que vous voulez voir, il faudra pousser un peu loin, car il y a belle lurette qu'il a été transporté pierre par pierre à Thillombois pour restaurer celui du comte de Récourt...

P.177 - La Vignée?...C'est possible... Une manre terre où il ne pousse que des chardons.

P.179 Clément compta quatre arbres sur la troisième rangée de droite? Arrivée au dernier, il put constater que des rejets vigoureux avaient poussé à la base du tronc desséché et que c'était bien là le bigarreautier indiqué sur le plan.

P.181 - Absolument sûr, répliqua Clément en détachant l'une des tiges et en la fixant à sa boutonnière... Et remarque, je te prie, la disposition du terrain; la végétation vivace qui le tapisse prouve qu'il est resté intact depuis de longues années...Maintenant, il n'y a plus de doute; la cachette n'a pas été fouillé et le trésor repose encore là, à trois pied de profondeur...

P.193 - Voilà bien une autre affaire, marmonna clément, c'est cette folle de Pousse-Nuée!

P.196 -Oh! grogna le mouleur de plus en plus troublé, je ne dis pas...C'est votre droit, messieurs, de bouleverser la friche de fond en comble...Seulement, c'est peine inutile...Vous ne trouverez rien!...

P.197 Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il n'y a pas de trésor à la Vignée?

P.199 Alors elle finit par me dire que l'officier de uhlans était revenu pendant que j'étais à Verdun, et qu'il lui avait commandé de le mener à la cachette.

P.200 Quand la tante m'a raconté ça, elle avait encore son bon sens; mais aussitôt après, il lui a pris une fièvre, une maladie, je ne sais pas quoi, si bien que, depuis ce temps-là, elle est folle.

P. 202
- Jérémie Hannequin a dit vrai, fit M. de la Louvière désappointé. Ils ont tout pris.
- Non, pas tout, répliqua Clément qui continuait à remuer autour des débris la terre sablonneuse. Ceci leur a échappé.
Et il éleva dans sa main une émeraude assez grosse, que les voleurs du trésor avaient oubliée.

P. 221 Colette! je vous dois déjà le peu de talent que j'ai, mon énergie, mon courage, ce qu'il y a de meilleur en moi? Je voudrais vous devoir mon bonheur. Dites, croyez-vous que vous pourriez m'aimer?
- Je vous aime.

P.223 - C'est égal, dit M. de la Louvière, a-t-il de la chance, ce Clément! Il est plus heureux que nous. Lui du moins, il a trouvé le trésor, le vrai trésor de Chèvrechêne.

Cliquer sur la carte ci-dessous, passer le pointeur sur les épingles pour avoir la référence de la page. Les épingles représentent les lieuxoù sont prises les photos.

Documentation :

¹ Auteur inconnu, Chapelle du pèlerinage de Saint-Rouin