Sur les pas d'André Theuriet : Colette (1)
Colette d'André Theuriet
Lorsque Mademoiselle Charmette Courouvre décède, elle laisse un testament à ses deux neveux, Edme et Clément, considérés comme seuls héritiers. A la lecture du testament daté du 12 juillet 1874 à Juvigny, après les mots relatant l'affectuosité de la tante envers ses neveux et les modalités des parts déjà attribuées, il est dévoilé un secret, "un trésor enfoui" par un aïeul dans la propriété de Chèvrechêne au Chânois. Mais les feuillets n'indiquent rien de précis sur l'emplacement du trésor. Toutefois...
P. 23, Et la preuve, c'est qu'un second dossier que voici porte comme suscription : "L'Or de Chèvrechêne." Voyons ce qu'il y là-dedans... Edme éventra le dossier et le compulsa sommairement. Il se composait de chiffons de papier sur lesquels la défunte avait griffonné des notes décousues, des ébauches des plans informes et d'inintelligibles hiéroglyphes.
Les deux frères vont ainsi prendre le chemin de la chasse au trésor en passant par l'Argonne. Mais Saturnin Goupillard, agent d'affaires et marchand de biens, va perturber leur plan pour accéder au trésor.
P.48, Borne-toi à annoncer à Monique que nous partons pour excursionner pendant huit ou dix jours dans la forêt d'Argonne... Du reste, pour mieux dépister les curieux, nous ferons un détour dans la direction de Lisle-en-Barrois, nous gagnerons ensuite la vallée de l'Aire et nous rabattrons sur le Chânois par Saint-André et Souilly.
P.53 Lorsque Edme et Clément atteignirent le plateau qui domine la forêt de Massonges, le soleil levant rosait déjà la cime des futaies de hêtres.
P.54 Le plus court, dit l'ainé, serait d'incliner à droite et de gagner la vallée de l'Aire par Rembercourt-aux-Pots et Courcelles.
P.56 Dix heures sonnaient à l'église de Louppy quand ils débouchèrent du bois des Aunelles,
P.57 Ayant endossé leurs sacs, ils gagnèrent bravement la route de Lisle-en-Barrois. Là, on était en rase campagne,
P.58 - Comment, tu renâcles déjà? reprenait Edme plus résistant, où est ta belle ardeur de ce matin?...Hardi ! Nous rattraperons les bois aux environs de Rembercourt.
P.59 et vous semblez hodés (fatigués). Dame, si le cœur vous en dit, quand nous serons haut la côte, je vous offrirais bien de monter avec moi dans ma bagnole... ( ) de quel côté allez-vous ? Du côté de la vallée de l'Aire, pour remonter de là dans les bois d'Argonne.
P.60 Ma fi ! si vous allez en Argonne, permettez-moi de vous remontrer qu'en suivant la vallée de l'Aire vous ne prenez pas le plus court, ah! mais non!...( ) tandis qu'en passant par Brizeaux vous n'auriez plus qu'à monter tout droit la Gorge-aux-Pommiers et vous seriez à Beaulieu en un rien de temps...
P.61 - Vous avez raison, repartit Edme, nous arriverons plus vite par Brizeaux...Puisque vous voulez bien nous offrir des places dans votre voiture,
P.64 - Comment ! S'exclama le bonhomme devenu méfiant, vous êtes du pays et vous ne connaissez pas Saint-Rouin !... ( )Là-dessus, le coquassier qui aimer à jaser, s'étendit à plaisir sur le patron de l'Argonne ; sur la source voisine de la chapelle qui guérit les sourds, les impotents et les aveugles ; sur les pieuses cérémonies du pèlerinage :
P.65 On avait dépassé Vaubécourt, traversé Triaucourt et l'on apercevait au loin, le modeste clocher de Brizeaux.
P.65 La Grise, qui sentait le voisinage de son écurie, filait comme le vent, et bientôt on déboucha sur la place du village.
P.66 "Goupillard est ici... tâchons de décamper avant qu'il nous ait vus... " ( ) merci de votre obligeance ; nous sommes pressés de gagner Beaulieu... Quel est le chemin le plus court pour entrer en forêt ?
Dondon Feuillant leur indiqua une venelle qui s'ouvrait face au cabaret,
P.67 et 68 Voulez-vous savoir qu'elle espèce d'oiseaux vous avez voiturés dans votre bagnole?... Des espions prussiens, mon brave...Tous mes compliments!
En 1874, les fâcheux souvenirs de l'invasion allemande étaient encore tout frais dans la mémoire des gens d'Argonne;
P.69 Puisqu'ils comptent se rendre demain à Saint-Rouin, tâchez de les y joindre et de les faire pincer par les gens du pèlerinage...
P.71 les deux frères atteignirent promptement l'orée des bois de Beaulieu et s'arrêtèrent un moment dans le taillis pour souffler.
P.72 Cette pointe de la forêt d'Argonne est très accidentée. Dressée comme un promontoire au-dessus des plaines du Barrois, coupé d'étroits défilés et sillonnée de petits sentiers enchevêtrés, elles constitue une sorte de labyrinthe où les gens du pays eux-mêmes ont peine à s'orienter.
P.73 (Pour se repérer, les deux frères cherchent à trouver le nord) Ils furent vite désappointés, en constatant que la mousse tapissait indifféremment la droite ou la gauche des troncs d'arbres.
P.74 il réservait toute son attention et son admiration pour cette magnifique futaie,
P.75 Sa joie fut complète quand il s'aperçut que le sol sablonneux et moite de la forêt était remarquablement propice à la croissance des champignons. Grâce aux dernières pluies d'automne, ils poussaient dru, étalant dans le demi-jour les découpures capricieuses et originales de leurs chapeaux, la variété de leurs couleurs assourdies.
P.77 La lumière décroissait, les derniers rayons empourprés avaient disparu et les sous-bois s'enveloppaient déjà d'une pénombre crépusculaire qui en accroissait la profondeur,
Illusion!... Ce qu'ils avaient pris pour la lisière du bois était simplement une sorte de carrefour au-delà duquel la futaie continuait ses massifs assombris par la fuite du soleil.
P.78 - Tu trouves ça gai, toi, d'être forcé de coucher à la belle étoile, et, par-dessus le marché, d'y coucher sans souper?
- Sans souper!... Tu oublies que nous avons dans nos sacs quelques victuailles, sans compter les cèpes que j'ai récoltés...
Nous sommes ici sur l'emplacement d'ancien fourneau à charbon, et les charbonniers de l'an passé n'ont peut-être pas démoli leur hutte...
- Parbleu! la voici, le hutte, abritée sous les hêtres et pas trop endommagée...
P.85 Après s'être tourné et retourné, il sentit enfin ses yeux s'alourdir. Peu à peu il glissa à son tour dans le sommeil, et un amical rai de lune, qui filtrait par une des crevasses de la toiture, s'abaissa vers eux comme pour les regarder dormir.
Dans le livre, André Theuriet évoque Juvigny-en-Barrois. Nous n'avons rien trouvé sur ce nom. Dans un autre roman "le mariage de Gérard", il est aussi question de Juvigny. Plusieurs noms de rue ou de lieux décrits assez précisément nous amènent à Bar-le-Duc. L'auteur a sans doute modifié le nom de la ville meusienne. Il en est de même pour Le Chênois et Chevrechêne qui nous ont amené d'après les descriptions à Récourt-le-Creux et à la ferme de Pontoux.
Le lien de la carte où sont prises les photos : André Theuriet Colette
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Documentation :
André Theuriet, Colette, Librairie Alphonse Lemerre
Date de dernière mise à jour : 05/01/2024
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