Les calcaires en Argonne meusienne
Le calcaire en Argonne meusienne
Si l'Argonne se caractérise en grande partie par son massif de gaize, sur son pourtour la géologie est plus variée et notamment aux différents étages stratigraphiques. Lord des Journées Nationales de la Géologie 2021, nous avons abordé la craie, l'argile de Gault et les sables verts et la gaize. Pour ces Journées Nationales de la Géologie 2022, c'est vers l'Est et le Sud-Est de l'Argonne que nous nous tournons avec la géologie de l'Argonne meusienne. Son calcaire correspond au Jurassique supérieur ou Malm, soit entre 161.2 ± 4.0 à 145.5 ± 4.0 Ma. Plus précisèment suivant les endroits, il s'agit des étages du Tithonien, anciennement Portlandien (150,8 ± 4 - 145,5 ± 4 Ma) ou du Kimméridgien (155,7 ± 4 - 150,8 ± 4 Ma). Cette formation géologique présente un paysage au doux relief. Les ondulations peu prononcées sont entrecoupées de vallons évasés où s'écoulent des rus pour rejoindre l'Aire ou la Cousances. Dans l"Herborisations de l'Argonne", le docteur George Beauvisage décrit ainsi le changement géologique argonnais : "A cette différence géographique correspond exactement une importante différence géologique entre ces deux régions de l'Argonne. Entre l'Aisne et l'Aire, on est sur le crétacé inférieur ; les hauteurs de la forêt d'Argonne sont formées par l'étage de la craie tufau (gaize et grès vert supérieur) et la Biesme coule sur le gault. De là, toutes ces couches se relevant vers l'est, on voit affleurer successivement dans cette direction le calcaire portlandien, sur lequel coulent l'Aire et la Cousance, les marnes kimméridgiennes dans le fond de la vallée du ruisseau de Wadelaincourt"2
Excepté à l'ancienne carrière d'Aubréville ou en bordure de la D20 entre Ippécourt et Vadelaincourt et de la D21 entre Julvévourt et Ippécourt, peu de zones d'affleurement permettent d'observer le calcaire en Argonne meusienne. C'est du côté des champs cultivés qu'il convient de regarder. Le sol est parfois recouvert d'un impressionnant tapis de débris calcaire rendant le travail agricole difficile et nécessitant un épierrement ou un concassage des pierres. Au-dessus de Varennes-en-Argonne sur la rive droite de l'Aire, l'aspect paysagé des terrasses alluvionnaires, "Ces alluvions sont constituées de galets calcaires avec une matrice argileuse importante. Ils ont pour origine les calcaires lithographiques du Portlandien. Sur les graviers, repose une couverture de limons très argileux, parfois tourbeux, dont l'épaisseur peut atteindre 2 mètres."1
Entre la Vallée de l'Aire et la Vallée de la Cousances, des champs en bordure de la D21
Des tonnes de pierres calcaires retirées des surfaces cultivées
Pour comprendre ce phénomène important de débris calcaires en surface, une ancienne carrière entre Julvécourt et Ippécourt permet d'avoir une idée de ces dépôts avec cette stratigraphie où nous remarquons ici le dernier étage d'environ 1m de calcaires délitées et le peu de terre végétale.
Les différents aspects du calcaire constitué de myriades de fossiles. Suivant l'espèce de fossiles, il est possible de dater plus précisément les étages stratigraphiques. A première vue ces photos de calcaire paraissent du même étage.
En bordure de la D20 entre Ippécourt et Vadelaincourt, d'après la carte du visualiseur d'InfoTerre, un affleurement de calcaire du Portlandien inférieur (j9). C'est l'ile de Portland qui donne son nom à cet étage géologique. Cette pierre donne également son nom au " ciment de Portland " de par sa couleur et sa dureté similaire au calcaire de Portland. Un ciment conçu par Joseph Aspdin en 1824.4
L'ancienne carrière d'Aubréville où une source s'étend bloquée par les argiles
Le front de calcaire jadis exploité avec de nombreuses strates
Un bel aperçu des strates successives dont certaines présentent des pierres calcaires, à extraire pratiquement équarries pour la construction.
L'architecture d'Argonne meusienne issue de son sous-sol
Dans le fascicule de la CAUE " faire durer la maison meusienne", la ressource de pierres des maçons est ainsi expliquée : "Du sol meusien ont été extraites de magnifiques pierres de construction, qui ont marqué l’architecture monumentale et bourgeoise du département. Conjointement aux carrières prestigieuses (teinte ocre-jaune des carrières du nord-est de la Meuse, calcaire à grain fin des carrières d’Euville, pierre tendre du site de Savonnières-en-Perthois associé aux carrières de Juvigny-en-Perthois, Aulnois-en-Perthois, Brillon-en-Barrois et surtout Brauvilliers), une profusion de petites carrières locales a permis aux paysans aisés et aux manouvriers, d’édifier des maisons aux façades en pierre de taille soigneusement appareillées"3. Mais il existe aussi des maisons où les moellons de calcaire de moindre qualité ou maçonnés et taillés plus sommairement sont recouverts d'enduit.
L'harmonieux village d'Auzéville-en-Argonne, avec son ancienne ferme, son pigeonnier et son lavoir
L'église de Vraincourt
A Esnes-en-Argonne
Ancienne annexe du moulins à coquins de Rarécourt
Documentation :
1 Carte géologique Verdun, feuille n°135
Alluvions récentes de l'Aire, p. 3 et 4
Carte géologique Clermont-en-Argonne, Feuille n°161
3 Faire durer la maison meusienne
4 Historique du ciment, mortier liant des maçonneries
BRGM : Bureau de recherches géologiques et minières
http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-55513-FR.pdf
R. Hentinger et C . Maiaux, Recherche de sites de captages dans le secteur de Clermont-en-Argonne et et de Varennes-en-Argonne, août 1977
Annexe n°2 : Présentation géologique du département de la Meuse
Date de dernière mise à jour : 13/06/2022
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