La craie et les marnes en Argonne sont des formations géologiques datant du Crétacé supérieur, du début du Cénomanien pour certaines marnes et craies, en passant par le Turonien pour la craie de Rethel, puis le Turonien et Coniacien, pour la craie de Châlons, soit une période de 99,6 à 85.8 millions d'années.
Le latin "creta" dénote différentes terres, sol et roche ayant pour point commun la blancheur1 et donne ainsi son nom à le période géologique du Crétacé. Le Cénomanien à la stratotype de la région du Mans et en référence au peuple gaulois des cénomans. Le Turonien doit son nom à la stratotype de la région de Tours, le Coniacien à celle de Cognac.
La craie et les marnes affleurent tout au long de la bordure ouest de l'Argonne et forme la région naturelle de la Champagne crayeuse, également appelé "sèche" ou en certains endroits "pouilleuse"2. Ceux-sont les principales composantes géologiques des Côtes de Champagne, du Vallage et des versants de la Vallée de la Tourbe.
La craie s'est constituée en milieu marin avec des squelettes de micro-organismes, essentiellement des coccolithes. Les coccolithes sont des plaques de carbonate de calcium protégeant les coccolithophores, des algues planctoniques. Le "ciment" de cette roche est la calcite. La craie est une roche tendre, poreuse et friable. Dans la craie nous trouvons des marcassites (disulfite de fer).
La marne contient un certain pourcentage d'argile (craie marneuse), cas des couches inférieures des Côtes de Champagne.
Craie à la Main de Massiges
Craie du Haut des Monts
Le site de la Main de Massiges, avec sa carrière et ses points dominants est un lieu propice pour comprendre, pour étudier et pour expliquer une partie de la formation géologique du bassin parisien, des cuestas et de l'Argonne.
La carrière de craie à la Main de Massiges
La craie de la carrière de la Main de Massiges présente des secteurs où la craie est particulièrement blanche.
Durant la Guerre 14-18, le site de la Main de Massiges est le théâtre de violents combats où l'utilisation des mines fait des ravages.
La carrière du Haut des Monts, à la limite de plusieurs types de craie et de marnes crayeuses (chemin d'accès)
Peu de terre végétale
Entre Courtémont et Les Cruzys, marne crayeuse, appelée également diève
La craie et ses paysages
En moins de 2km, ce chemin descendant paisiblement de la Main de Massiges (Le Montrouet, 188m) pour s'approcher de Ville-sur-Tourbe (131m) se situe sur les couches de craie de Châlons (c3Ci - Turonien - Coniacien Moyen), de craie de Rethel (c2R - Turonien supérieur), de marnes crayeuses (c2 - Turonien inférieur et moyen), de marnes et craies (c1 - Cénomanien moyen et supérieur), sables verts supérieurs (c1Sv - Cénomanien inférieur) et en traversant la D982, nous atteignons au Bois de Ville, la couche de gaize. Nous pouvons un avoir un aperçu de la lithologie, d'un secteur semblable (sondage de Berzieux), p.22 de la Notice explicative de la feuille Monthois 1/50 000.
Entre Cernay-en-Dormois et Sechault, Les Monts de champagne dont nous percevons la rupture de pente en bordure de la Vallée de l'Aisne, puis descendre lentement vers la plaine.
Sur le même secteur, un autre aperçu du paysage avec le Mont Cuvelet, un mamelon de marne crayeuse
Du Moulin de Valmy, un doux relief de grèze crayeuse (ou grève). La grèze est un sol plus ou moins remanié sur la craie (infoterre.brgm.fr). "Comme l'a fort bien montré Tricart (1952), les grèzes crayeuses jouent un rôle essentiel dans l'adoucissement des versants : au fur et à mesure qu'elles se forment en sommet de pente et s'accumulent dans les dépressions, les interfluves se rétrécissent et les vallons se comblent (cryoplanation)."3
Le manque de terre végétale et les difficultés à cultiver ces terres restent longtemps une région pauvre, d'où parfois cette confusion du terme Champagne "pouilleuse", mais doit ce vocable au thym faux pouliot (Thymus pulegioides) colonisant le savart. Le savart est zone désertique et dont nous pouvons avoir un aperçu en longeant le camp militaire de Suippes. C'est à partir de 1945 qu'évolue l'agriculture en Champagne crayeuse.
(photo à l'intérieur du périmètre du camp militaire de Suippes prise en 2011 lors de la visite autorisée des villages détruits)
Extrait de la carte géologique (infoterre.brgm.fr), secteur de la Main de Massiges
Documentation :
1Latin et langues techniques, Jean-paul brachet, Claude Moussy, p.13
2R. Dion, Le "bon" et "beau" pays nommé Champagne pouilleuse, L'Information Géographique, 1961, p. 209-214
3Clément Mathie, Charles Pomerol, Caractère, origine, mise en place et role morphologique des grèzes crayeuses de champagne sèche au nord de Reims, Bulletin de l'Association française pour l'Etude du Quaternaire 1976-1, page 45-51
4J. Garnotel, Le développement de l'agriculture en Champagne Crayeuse de 1945 à nos jours, Economie rurale, 1981, p.36
et Joseph Garnotel, L'ascension d'une grande agriculture. Champagne pouilleuse-Champagne crayeuse, Economie rurale, 1985, p. 59-60
infoterre.brgm.fr
Notice explicative de la feuille Monthois 1/50 000
Date de dernière mise à jour : 21/05/2022
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